vendredi 2 novembre 2012

Rétrospective: décembre 2010

Il y a des mois qui marquent. Des mois où la météo s'emballe à tel point qu'ils sont gravés à jamais dans la mémoire des passionnés. Décembre 2010 fait partie de ceux-là: un nombre record de jours de neige, des pagailles indescriptibles sur les routes ainsi que le réseau de la SNCB, des quantités de neige en plaine incroyables et jamais vues pour les moins de vingt ans, dont je faisais encore partie à cette époque. Ces moments doivent passer à la postérité, être gravés quelque part. Et c'est via le blog de Prévisions Météo Belgique que je vais vous les relater, pour que vous puissiez aussi, chers lecteurs, vous rappeler de ces moments exceptionnels.

La météo avait déjà eu l'occasion d'exprimer son courroux durant l'automne de cette année 2010. Coups de vent à répétition, temps dégueulasse, inondations catastrophiques à la mi-novembre et au cours desquelles cinq personnes trouveront malheureusement la mort (peut-être y reviendrons-nous dans une prochaine rétrospective). Cette première décennie du 21ème siècle se finissait en fanfare. Et cela allait se poursuivre jusqu'aux portes de l'an 2011.



Tout commence le 28 novembre. Quelques frimas ont déjà concerné les hauts plateaux du pays depuis près d'une semaine, mais ce jour, l'hiver débarque en plaine. Pour la première fois de la saison, les températures descendent sous les -5°C: -5,3°C à Montigny-le-Tilleul, -7,4°C à Bovigny, -9,2°C à Brûly, -10,0°C à Elsenborn pour ne donner que quelques exemples. Un vaste anticyclone sur l'Europe du Nord maintient ce temps froid.

Le lendemain, surprise! En soirée, il neige sur une bonne partie du pays. En quantités médiocres, certes, mais c'est déjà ça de pris. Une petite ligne de creux provenant d'Allemagne a en effet réussi à s'immiscer dans le flux d'air continental.

29 novembre en soirée: la citadelle de Namur est saupoudrée de 2 cm de neige.

Le 1er décembre commence l'hiver météorologique, et le climat nous le rappelle à la manière forte. Ce jour est particulier, et ceux qui ont vécu la St-Nicolas des étudiants à Namur s'en souviennent: elle s'est déroulée dans une atmosphère glaciale, à tel point que la mousse de la bière gelait dans les verres. Les températures ne cesseront de descendre au cours de l'après-midi, tandis que des courants continentaux de plus en plus froid nous parviennent. Le vent soufflant modérément n'arrange guère les choses, puisque la température ressentie est de -15°C! Et sur le coup de 16h00, la neige commence à tomber. Une zone neigeuse "surprise" s'est en effet formée sur le sud du pays, et remonte vers le centre de la Belgique. Il neige pendant plusieurs heures, sans discontinuer, sous des températures de -5 à -9°C. Les conséquences sont immédiates: c'est la pagaille sur le réseau routier. Il tombe entre 5 et 10 cm de neige selon les endroits.

1er décembre, soirée: les environs de la Place d'Armes à Namur s'enneigent.

Le lendemain 2 décembre, il neige encore un peu par moments, et le temps reste bien froid. La température maximale ainsi observée ce jour à Uccle est de -4,5°C. L'occasion de prendre l'une ou l'autre photo de la citadelle namuroise sous un léger manteau blanc:


Le 3 décembre est une autre bizarrerie de ce mois peu commun: c'est à la côte que sont enregistrées les températures minimales les plus basses de tout le pays, et notamment à Koksijde et Oostende où il fait -13,0°C! Par comparaison, on mesure -10,7°C à Courrières et -8,8°C à Floriffoux, dans le Namurois.

Le 4 décembre, une perturbation amène un air un peu plus doux: des pluies verglaçantes concernent l'ouest de la Belgique. Il neige sur le centre et l'est, mais en faibles quantités, hormis en Hautes Fagnes où l'accumulation est de 15 cm. La nuit suivante, l'hiver frappe de nouveau un grand coup: alors que le front froid de la perturbation stagne sur le pays, de l'air très froid est brutalement advecté en altitude, et la pluie se change rapidement en neige au-dessus de 150 mètres. L'intensité des précipitations se renforce, menant rapidement à une accumulation conséquente. 10 à 20 cm de neige supplémentaires se déposent ainsi. Dans la région de Chimay et de Couvin, on observe jusqu'à 40 cm d'accumulation!

5 décembre, soirée: Montigny-le-Tilleul; la neige s'est arrêtée de tomber. Il y en a 13 cm...

Le 8 décembre, après quelques jours froids mais calmes, une perturbation concerne le sud de la Belgique. Un peu d'air doux se promène en altitude, entraînant un intermède de pluies verglaçantes dans l'épisode neigeux. La pagaille s'installe sur les routes, mais la situation n'est en rien comparable avec l'apocalypse que subit l'Ile-de-France au même moment.

Entre le 10 et le 12 décembre, l'hiver se rétracte quelque peu, pour reprendre son souffle avant de venir frapper de plus belle. Il fait jusqu'à 5°C, et la neige fond en de nombreux endroits. Le 13, il gèle de nouveau sévèrement un peu partout, avec des températures minimales proches de -10°C.

Le 16, la neige refait une entrée fracassante sur le territoire belge. Un front froid très active traverse le pays du nord au sud, s'accompagnant de fortes intensités et même d'orages locaux. Un orage de neige concerne ainsi Namur en début de soirée, et s'accompagnent de flocons énormes. C'est une véritable tempête de neige de 15 minutes qui paralyse en quelques instants le réseau routier de la capitale wallonne, renvoyant illico presto les bus du TEC à leurs dépôts respectifs. 


A 1500 mètres, le contraste de températures est saisissant: -2°C dans la perturbation, -9°C quelques dizaines de kilomètres derrière! Au sol, le refroidissement est tout aussi brutal: à Namur justement, on passe de 2,5°C à -0,5°C en vingt minutes à peine. L'IRM et Météo Belgique lancent la première alerte rouge de cet hiver pour le massif ardennais.

16 décembre, soirée: le Grognon de Namur sous la neige (3 à 4 cm à la fin de la tempête). En arrière plan, le parlement wallon.

Le 17 décembre, il neige à nouveau quelques centimètres ça et là. 

Le 19 décembre commence une semaine de folie dans l'histoire de la météorologie belge. Une petite dépression se creusant en Manche déclenche une tempête sur les côtes bretonnes et normandes. Les rafales y atteignent 110 à 120 km/h. Elle véhicule une imposante perturbation qui, au contact entre l'air froid qui descend du nord, engendrent de fortes chutes de neige sur la Belgique. L'épisode commence à 10h00, et quelques heures plus tard, les aéroports du pays sont contraints de fermer. L'intensité est plus importante que prévue, de telle sorte que l'IRM émet une nouvelle alerte rouge, essentiellement pour le sud du pays. 

La perturbation qui concerne la Belgique de 19 décembre, vue par les radars de précipitations.

En milieu d'après-midi, la circulation devient périlleuse sur le réseau secondaire, et difficile sur les grands axes. La majeure partie du réseau du TEC s'englue dans la neige qui ne cesse de s'accumuler, et l'ordre général de retour des bus aux dépôts est donné vers 14h00 - 15h00. A 17h00, 500 km de bouchons se sont formés sur le réseau routier belge, alors que nous sommes un dimanche! 

Voici ce que je donnais comme observations sur Météo Alerte ce 19 décembre.

Il faut attendre la fin de l'après-midi pour que le front chaud de la perturbation, enfin, s'éloigne vers l'est. Elle laisse derrière elle  entre 10 et 20 cm de neige supplémentaires, qui se déposent sur l'accumulation des jours précédents. En Gaume, de l'air doux arrivant de France fait remonter les températures jusqu'à +4°C, et désagrège le manteau neigeux qui s'est déposé sur cette région. Mais c'est sans compter sur le front froid qui, en embuscade, dégringole sur la Belgique en soirée, amenant 5 à 10 cm de neige en plus.

Montigny-le-Tilleul, le 19 décembre 2010.

A cet endroit passe la route nationale N579...

Et sur le réseau communal, c'est encore pire!

Au final, l'accumulation totale de neige atteint 26 cm à Montigny-le-Tilleul. 20 cm sont tombés rien que ce 19 décembre. Je n'ai jamais vu ça... En Hautes Fagnes, il y en a jusqu'à 70 cm. Malheureusement, une personne décède dans l'effondrement du toit de sa grange sous le poids de la neige à Bertrix.

La neige s'arrête, mais la pagaille va perdurer plusieurs jours. Le lundi 20 décembre au matin, ce sont 670 km de bouchons qui sont relevés sur le réseau routier belge. Du verglas s'est formé durant la nuit, aggravant la situation.

A partir du 21 décembre, et pour 48 heures, le froid fait une nouvelle fois une pause, avant de nous offrir le bouquet final, un apothéose absolument grandiose la veille de Noël.

Le 23 décembre au soir, un choc de titans se met en place au-dessus de nos têtes: une dépression très active sur la Corse et un anticyclone sur la Scandinavie se font face. L'air doux dépressionnaire remontant de Méditerranée entre en collision avec l'air glacial anticyclonique qui descend de Sibérie. Un énorme front chaud se forme à même le pays, et va stationner pendant toute la nuit et la journée du 24. Dans le sud du pays, l'air doux en altitude provoque des pluies verglaçantes impressionnantes, semant le chaos sur ces régions. Plus au nord, la neige va tomber sans discontinuer, menant à l'une des accumulations en plaine les plus impressionnantes de ces dernières années.


Une nouvelle fois, une alerte rouge est émise pour le centre et le sud du pays. Le 23 au soir, alors que l'épisode bat son plein, des milliers d'automobilistes se retrouvent pris au piège dans les 1380 km d'embouteillages formés à travers le pays. Une nouvelle fois, les bus du TEC ne circulent plus en de nombreux endroits, et même la ligne SNCB Namur-Luxembourg se retrouvent complètement impraticable suite à une rupture de l'alimentation électrique à Libramont. Les trains IC Bruxelles-Namur-Luxembourg sont limités à Jemelle, il en est de même pour les trains L et P. Les aéroports de Charleroi et Liège, plus tard Bruxelles, connaissent de nombreux retards et suppressions de vols. 



Montigny-le-Tilleul, au soir du 23 décembre 2010.

Dans la nuit, l'air froid en altitude s'avance vers le sud, et la neige remplace la pluie verglaçante dans le sud du pays. L'intensité des précipitations se fait un peu moins forte, mais celles-ci restent continues. Le lendemain matin, il neige un peu moins fort, mais l'accumulation est ahurissante. Montigny-le-Tilleul, par exemple, se réveille sous 37 cm de neige (21 cm de neige déposés dans la nuit, sur ce qui restait des jours précédents)! A nouveau l'heure de pointe est catastrophique: 500 km de bouchons, en sachant que beaucoup de travailleurs ont préféré rester chez eux au vu des conditions climatiques dantesques de cette veille de Noël. Pas du bus, et les trams roulent difficilement à Charleroi et à Bruxelles.



Montigny-le-Tilleul, au petit matin du 24 décembre.

Le front chaud se rétracte vers l'est en journée, après avoir déposé 15 à 25 cm de neige selon les régions. Rarement un Noël n'aura été aussi chargé en neige: 30 cm à Montigny, 16 à Uccle. C'est le plus beau Noël blanc depuis 1964!

Montigny-le-Tilleul, dans l'après-midi du 24 décembre.

Il faudra plusieurs jours pour que la situation rentre dans l'ordre, aussi bien au niveau du réseau routier, de celui du TEC et celui de la SNCB. Le dégel commencera à la toute fin du mois. Ces images de décembre 2010 resteront à jamais gravées dans les mémoires des passionnés qui auront vécu ces trente-et-un jours hors du commun.

3 commentaires:

  1. Moi à chaque fois, je me marre quand je vois ceux d'infoclimat s'extasier devant des runs magnifiques puis le lendemain tout se casse la gueule patatras... Y'a que en France pour voir des flops pareils et moi à chaque fois ça me fait marrer de voir sur infectclimat des gens presque au bord du suicide... Grandissez un peu... Il va rien se passer comme d'hab et 2012 se passera sans fin du monde!

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  2. Et voilà...

    J'avais raison!!! Regardez pas GFS ce soir pour le Vaucluse y-en a qui vont se tirer des balles dans la tronche...

    Pratiquement peu de pluies comme d'hab, pas de neige niveau température, je pense qu'avec une simple veste on pourra supporter et après retour de la patate (je le sens gros comme une maison celui là...)! Au moins il nous restera à noël des chocolats et du foie gras pour nous remonter le moral à défaut de phénomènes extrêmes...

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  3. oh bin zut mes photos que je vous ai envoyer sur facebook sont pas la sniff

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